Bulletin N° 41
Sur cette carte nous voyons à gauche la zone dite « de clapage » où ont été déversées les vases du port de l’Herbaudière et, au-sessus, la zone d’extraction (le triangle central correspond à l’ancienne concession, le parallélogramme à la concession actuelle).
16 novembre 2004, la Commission Locale d’Information et de Surveillance (CLIS) de la concession du Pilier se réunissait pour la quatrième fois à la Préfecture de la Loire-Atlantique sous la présidence du Secrétaire Général de la Préfecture.
LA CONCESSION DU PILIER : Au printemps 1999, “Vivre l’île 12 sur 12“ participait à une enquête publique relative à une demande d’autorisation d’exploiter une concession de granulats marins (sables et graviers) de 8,2 km2 située à égale distance (environ 8 km) de l’Herbaudière et de la Pointe de Saint-Gildas. La demande d’autorisation portait sur l’autorisation d’extraire 70 millions de mètres cubes sur une période de 20 ans (essayez d’imaginer un parallélépipède de sable de 1 km X 1 km de côté et de 70 m de hauteur !). Ce sable était surtout prévu pour le bâtiment.
L’étude d’impact, financée par les exploitants, concluait bien sûr que cette exploitation n’aurait aucun effet sur l’environnement.
Après une étude attentive du dossier d’enquête et d’autres documents, nous demandions au commissaire enquêteur de refuser ce projet pour deux motifs :
– D’une part, nous étions inquiets des conséquences de cette énorme ponction de sable qui se fait sur l’itinéraire du courant sédimentaire qui alimente les plages des côtes Nord et Nord-Est de l’île (de La Linière à Fort Larron).
D’autre part, au printemps, les alevins (soles en particulier) remontent du fond de la Baie de Bourgneuf vers l’estuaire, puis le Golfe de Gascogne. La concession du Pilier barre le chemin de cet alevinage de printemps et l’on imagine l’effet produit par ce prélèvement permanent de sédiment sur cette migration saisonnière donc sur le cycle de reproduction.
Compte tenu des énormes enjeux économiques le Préfet de Loire-Atlantique autorisait les travaux en juillet 1999 et en février 2000 l’extraction débutait ; cependant, alerté par les témoignages recueillis pendant l’enquête, il assortissait son arrêté de mesures de surveillance destinées à suivre l’évolution de l’environnement de la concession. En particulier, il créait une Commission Locale d’Information et de Surveillance (CLIS) dont “Vivre l’île 12 sur 12“ fait partie. Cette CLIS se réunit chaque année, tous les 5 ans, un rendez-vous particulier est prévu pour établir le bilan général des effets sur l’environnement. Les conclusions de ces bilans quinquennaux peuvent conduire, théoriquement, à l’arrêt des travaux.
LA CLIS DU 16 NOVEMBRE : Les représentants des différentes directions départementales assistaient à cette CLIS ; on notait cependant l’absence d’IFREMER, l’expert de l’État, et de la DIREN, Direction régionale chargée de protéger et défendre l’environnement.
L’île de Noirmoutier était représentée par le Président de la Communauté de Communes, des représentants des pêcheurs professionnels de l’Herbaudière et de Pornic et “Vivre l’île 12 sur 12” .
Les compagnies d’extraction de sable formant le Groupement du Pilier présentaient le bilan de l’exploitation pour l’année 2003 (ils ont en effet besoin de 11 mois pour calculer ces quelques chiffres) : 2 163 848 m3 ont été extraits et il est à noter que 300 000 m3 ont été utilisés pour rengraisser la plage de La Baule.
La discussion s’engage tout de suite sur les sujets de désaccord : d’une part les problèmes des pêcheurs, diminution de la ressource et modification des fonds marins et d’autre part l’alimentation en sable de la côte Nord de l’île.
La tactique des “ sabliers “ est simple : quand les modèles des bureaux d’études confortent leurs positions, ils s’en servent, quand ces modèles soulèvent des questions gênantes, ils mettent en doute leur validité. Ainsi, après avoir contesté pied à pied les arguments des noirmoutrins, nous leur posons la question : « Finalement, si vous mettez en doute la capacité des modèles à représenter les mouvements de sédiments en Baie de Bourgneuf, vous êtes par contre certains que les professionnels de la pêche se plaignent à tort et que le trait de côte ne souffre pas de votre extraction ? » Très candidement ou très cyniquement la réponse a été affirmative.
La controverse s’est rapidement réduite aux éléments qui devraient être présentés pour le bilan quinquennal : les sabliers s’appuyant sur l’hypothèse que leur travail ne modifiait pas le milieu ambiant souhaitaient qu’ils soient peu nombreux, alors que les noirmoutrins demandaient un bilan complet. Nous avons obtenu gain de cause sur un point essentiel : la comparaison bathymétrique de l’évolution des fonds marins va être faite jusqu’aux environs immédiats des côtes Nord de l’île.
Le Secrétaire Général de la Préfecture à qui l’on faisait remarquer que l’État, percevant annuellement 1 000 000 € de taxes, pouvait bien financer une étude impartiale, a admis le principe d’une tierce expertise sur l’évolution des fonds et va, par ailleurs, demander à IFREMER une étude sur le déroulement de l’alevinage en Baie de Bourgneuf.
Ces quelques résultats ont été difficiles à obtenir, il a fallu les efforts conjugués de la Communauté de Communes, des pêcheurs et de “Vivre l’île 12 sur 12“ pour que le Secrétaire Général laisse échapper, en évoquant les arguments des sabliers : « Ma conviction est loin d’être faite ! Le bilan 2005 devrait permettre de faire un certain nombre de constats sur les zones avoisinant le périmètre de la concession ; si ces résultats sont inquiétants, toutes les garanties seront données à l’ensemble des acteurs concernés.»