Article du Bulletin N° 48
LA CAPACITÉ D’ACCUEIL ET LE PROJET DE PLU DE NOIRMOUTIER-EN-L’ÎLE
La notion de capacité d’accueil apparaît dans l’article L. 146-2 du code de l’Urbanisme, sa définition est mise en lumière dans les circulaires d’application « La capacité d’accueil touristique se conçoit comme la possibilité à accueillir des populations dans des conditions satisfaisantes d’un point de vue qualitatif ».
La capacité d’accueil peut se définir plus concrètement à partir :
1. la capacité d’accueil technique :
– structures d’accueil touristiques (places de parking, parkings pour camping cars, capacité des campings, capacité des structures hôtelières),
– réseaux routiers de circulation,
– réseaux d’eau potable,
– réseaux d’assainissement (actuellement nous disposons d’une station d’une capacité de 49400 équivalents-habitants pour Noirmoutier, l’Épine et la Guérinière),
– eaux pluviales (écoulement, évacuation avec des conditions d’hygiène satisfaisantes),
– sanitaire (nombre de médecins, possibilité d’évacuation sanitaire. Rappelons que la moyenne française est de 380 médecins pour 100 000 habitants; rappelons également, qu’en été, par le pont, il faut une heure pour que le SAMU intervienne),
– sécurité (effectifs de gardes municipaux, de gendarmes, de pompiers, de gardes forestiers)
– administration ( les effectifs de la mairie sont-ils adaptés?),
– pollutions,…
La détection de la saturation s’observe à partir de limites que l’on peut quantifier. Par exemple, en période estivale, les étranglements du trafic routier montrent que la limite de saturation est proche d’être atteinte, si ce n’est déjà fait. Quelle est la position des élus ? Doit-on limiter l’urbanisation ou, doit-on construire de nouvelles 2X2 voies ? Élargir les voies qui existent ? Déterminer un plan de circulation ?
Ce type de raisonnement devrait être identique pour les autres capacités techniques.
2. la capacité de fréquentation des milieux naturels. À partir de l’exemple des plages, il apparaît que la qualité du site mais aussi son accessibilité déterminent la fréquentation. La dune, la forêt et le marais subissent des pressions exercées par les usagers. La fréquentation de ces milieux, d’une fragilité préoccupante, doit faire l’objet d’une évaluation pour ensuite déterminer un programme de gestion qui conditionnera l’accueil des vacanciers.
Là encore, dans beaucoup d’endroits, des seuils de saturation sont régulièrement franchis, entraînant nuisances et dégradations.
Quelle est la position des élus ? Doit-on limiter ou augmenter les capacités d’accès ? Doit-on mettre en place des actions pédagogiques pour limiter les dégradations ? Doit-on ne rien faire en considérant que la valeur économique des milieux naturels est négligeable ou en considérant que toute action serait électoralement contre productive ?
3. la capacité d’accueil sociale et économique : 60% du chiffre d’affaires se fait pendant la saison touristique, quel est le type de développement touristique choisi en sachant que l’absence de choix va favoriser l’implantation d’un tourisme anarchique ,
Rappelons que le document touristique présenté par l’Office de tourisme del’île de Noirmoutier dans les salons spécialisés est accompagné de quatre fascicules, “Patrimoine et tradition“, “l’Île et la mer“, “l’Île nature“ et “Chambres d’hôte“. C’est celui intitulé “l’ïÎe nature“ qui est le plus demandé dans les salons où nbtre office de tourisme est actif.
Enfin il serait souhaitable d’évaluer, en fonction d’un projet, la capacité financière de la collectivité à recevoir une fonction touristique déterminée: jusqu’à quel montant le contribuable moyen est-il prêt à subventionner un certain type de tourisme ? Les habitants de l’île ne sont pas tous des commerçants.
4. la capacité d’accueil perçue : pourquoi un vacancier ou un nouveau résident choisit-il tel lieu plutôt qu’un autre. À Noirmoutier la nature, le paysage, le climat, la qualité de vie, l’ambiance maritime peuvent apporter des éléments d’explication. À l’inverse on peut se demander comment est perçu le tourisme par les habitants permanents, comment sont perçus les nouveaux résidents par les anciens. On peut être amené a constater qu’une fréquentation excessive conduit à une dégradation de la qualité de l’accueil (prix élevés, files d’attente dans les magasins, trafic routier bloqué, accueil cavalier des commerçants ou des hôteliers, délinquance, …).
5. La capacité d’accueil spatiale, c’est celle qui prend en considération les zones protégées à divers titres.
Les risques naturels. : » Le dossier Départemental de risques majeurs stipule que la commune est soumise aux risques majeurs suivants :
– mouvements de terrain
– feux de forêts (risque de niveau 1 avec enjeu humain),
– inondation marine (risque de niveau 1 avec enjeu humain).
Une partie de la commune est située en dessous de la limite extrême de submersion marine définie par l’atlas de l’aléa submersion marine sur le littoral vendéen(2002). Un aléa “moyen à fort“ met notamment en péril le marais de Mullembourg et la population du Banzeau, et s’étend sur toute la partie Est du bourg. Ce risque est d’autant plus important que la jetée Jacobsen est fragile. Le secteur du Boucaud est aussi concerné par un aléa moyen à fort. … »
La réflexion, le travail d’étude n’apparaîssent pas dans le Projet d’aménagement et de développement durable de Noirmoutier-en-l’Île.
Je concluerai en citant le “Porter à connaissance“ de la Préfecture de la Vendée :
« Une fois le cadre spatial défini, les possibilités ainsi offertes seront analysées au regard d’éléments techniques qui peuvent devenir des facteurs limitants. Il s’agit par exemple des infrastructures de voirie et de stationnement, …
L’incidence du développement de l’urbanisation sur ces différents paramètres doit être évaluée en termes économiques au regard des capacités financières de la commune.
Ainsi menée la définition de la capacité d’accueil doit permettre au PLU d’être porteur d’un véritable “Projet de développement.”
Je citerai aussi la Directive de juillet 2006 du Ministère des transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer :
(la capacité d’accueil) « c’est l’estimation de la capacité du territoire à intégrer une croissance en termes :
– de population saisonnière et permanente, notamment en matière de logement, d’équipements et de services,
– d’activités économiques et d’emplois,
– de réseaux d’assainissement et d’eau potable, d’infrastructures, notamment de transport répondant aux besoins de déplacement de la population résidente et saisonnière.
Cette estimation nécessite que soit pris en compte :
– les coûts, et en particulier les coûts de fonctionnement pour la collectivité en tenant compte de sa capacité financière,
– l’incidence des risques naturels et technologiques,
– la fragilité des espaces naturels et les conditions de fréquentation par le public,
– le fonctionnement des écosystèmes,
– les besoins de préservation des espaces agricoles et maritimes,
– les capacités des milieux et les ressources locales (eau potable, assainissement, …)