Dans son numéro du 12 août, Le Monde publie un article sur la défense contre la mer sous le titre : « Des solutions douces pour un littoral fluctuant » (article lisible jusqu’au 12 septembre en cliquant sur ce lien).
L’article attire l’attention sur un phénomène que nous avons observé à Noirmoutier : les effets pervers des moyens lourds de défense contre la mer.
« Aujourd’hui, la communauté scientifique porte un regard quasi unanime sur les politiques de gestion du « trait de côte » menées ces dernières décennies : « Jusqu’à une période récente, on essayait de se barricader derrière des digues, des brise-lames, des enrochements », constate Frédéric Uhl, chef du bureau du littoral et du domaine public maritime naturel au ministère français de l’écologie. « En installant des ouvrages de défense contre l’érosion, on n’a fait que déplacer celle-ci », complète Paolo Antonio Pirazzoli, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Les exemples abondent dans le monde entier d’épis ou de digues construits pour protéger une plage et qui n’ont eu pour effet que d’accélérer l’érosion des zones voisines. »
De nombreuses études scientifiques ont montré que, si les perrés et enrochements peuvent stopper le progrès de la mer vers les terres, la plage a tendance à disparaître devant ces ouvrages. C’est ce que nous observons sur la côte ouest de Noirmoutier, au niveau de la Guérinière et de l’Épine.
Fin 2006, des ganivelles hydrauliques ont été installées sur la plage des Éloux. Nos photos prises en novembre et décembre 2006 peuvent être comparées à celles de jeudi dernier, 20 août, visibles ci-dessous.
Des pieux qui dépassaient d’environ 1 mètre 50 sont pratiquement enterrés.
Mais, comme nous l’avons expliqué à plusieurs reprises, et en particulier dans ce billet du 6 décembre 2008, la situation évolue différemment à l’éxtrémité nord de la plage, où l’on constate que le sable s’en va au pied des ganivelles et que la dune est mal protégée (voir ci-dessous).
Le bureau d’études auquel on avait demandé de se pencher sur ce problème a conclu que cette érosion intempestive était due à un épi situé en extrémité Nord qui, en accroissant l’agitation provoquée par la houle, accentuait la mise en suspension du sable qui repartait ainsi vers le bas de plage. Les spécialistes recommandaient que cet épi soit supprimé.
Cette étude qui a coûté très cher au contribuable est maintenant vieille de presque deux ans ; rien n’a été fait.
Cherche-t-on des arguments tendant à prouver l’inefficacité des ganivelles afin de revenir – pour des raisons qui restent mystérieuses – aux enrochements? Quoi qu’il en soit, il semblerait urgent que les élus noirmoutrins prennent en compte les progrès de la connaissance des causes de l’érosion des plages, et des remèdes que l’on peut y apporter.
L’article du Monde dont nous parlons plus haut précise que « les collectivités locales, concernées au premier chef par la gestion du littoral, manquent de compétences, de moyens et de repères. En France, où une loi datant de 1807 leur donne la responsabilité de la gestion du trait de côte, le Grenelle de la mer, qui s’est achevé début juillet, a appelé à la définition d’une véritable stratégie nationale. » (Voir à ce propos les mesures préconisées par la table ronde N° 2 du Grenelle de la mer.) Il nous semble en effet que ce serait souhaitable.
L’article du MONDE précise que le Ministère de l’Ecologie travaille avec le BRGM à établir une cartographie du littoral français dans l’hypothèse d’une montée du niveau des eaux de 1 à 2 mètres. Cette carte est elle déjà établie pour NOIRMOUTIER? Et sinon, quand le sera-t-elle ?
L’ile de Noirmoutier fait elle partie des secteurs dont les infrastructures des années 1970 à 1980 obligent à des corrections d’effets?
En viendra-t-on aux Eloux notamment , comme à CRIEL SUR MER (Seine Maritime) où des maisons situées au bord d’une falaise montrant des signes de faiblesse ont été abandonnées et leurs occupants indemnisés?