Le journal Ouest France a publié dans son édition du 24 novembre un article qui reprend l’essentiel des conclusions de l’article de fond de notre Bulletin N° 55 concernant les responsabilités dans la prolifération des algues sur les côtes noirmoutrines depuis quelques années.
Comme on peut le lire dans l’article du Courrier Vendéen du 13 août (cliquez sur la vignette ci-dessus), Jacques Oudin estime que, dans cette affaire, l’île de Noirmoutier est « victime ». « Les études font apparaître deux zones principales d’influence de pollution : l’estuaire de la Loire, et l’estuaire de la Vilaine, » explique-t-il. La source de la pollution serait « les nitrates dûs à l’agriculture et l’élevage intensif en Bretagne, des phosphates qui proviennent du milieu urbain nantais et de l’estuaire de St Nazaire ainsi que des bocages avoisinants du fait de l’agriculture. »
Nous relevons cependant que, selon le bilan de l’Observatoire l’eau pour 1995 à 2004, « les étiers du Moulin et de Ribandon, situés sur l’Ile de Noirmoutier, présentent les plus fortes concentrations en nitrate de la baie de Bourgneuf. »
Le site de l’association S-Eau-S avait déjà commenté notre article, un peu plus en détail.
Cependant, si vous souhaitez lire l’article en entier (et par la même occasion, avoir des nouvelles sur la vie de l’île et la vie de l’association), il vous appartient d’adhérer à Vivre l’île 12 sur 12 afin de recevoir notre Bulletin quatre fois par an, dès sa sortie. Tous les renseignements utiles à l’adhésion se trouvent sous l’onglet « L’association » en haut de chaque page de ce blog.
LES ALGUES, LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE, ET « L’IDENTITÉ NOIRMOUTRINE »
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre dossier sur les algues. La bonne reprise de votre article démontre que la légitimité dont votre association bénéficie aujourd’hui est fondée.
Les élus locaux, ou les citoyens qui refusent de reconnaître la légitimité de votre association doivent comprendre qu’en défendant l’environnement de l’île (milieux naturels , qualité des eaux littorales) vous défendez un patrimoine commun qui est la première ressource de la richesse de tous.
Il ne faut pas oublier pourquoi certains élus, certains citoyens, cherchant à exploiter localement l’immoralisme populiste et nationaliste actuellement au pouvoir, transgressent les règles.
Ils sont malheureusement l’expression d’une volonté de guerre sociale où la défense de l’environnement est considérée comme attentatoire à la propriété privée, l’île et son environnement étant considérés comme la propriété privée des « Noirmoutrins ».
Les nouveaux habitants de l’île dans un contexte de spéculation immobilière viennent malheureusement souvent renforcer une politique en faveur de la sécurisation des biens au détriment de l’égalité des personnes.
Le débat actuel et artificiel sur l’identité nationale est destiné à entretenir une illusion sociale néopétainiste et à construire à partir de l’exclusion. D’où sur l’île, le motif principal sous-jacent lors des dernières élections et l’accent mis ensuite sur les cérémonies commémoratives et baptêmes de ronds-points à la gloire d’anciens combats coloniaux où la nation française se révéla profondément clivée.
Parallèlement un lancinant et hypocrite refrain sur le départ forcé de « nos jeunes » met sous le tapis 50 ans d’un enrichissement constant où la terre de l’île a été consciencieusement vendue à tous les diables et la culture populaire profondément délaissée (langue, chants, danses..).
Comme le dit très bien Michel Serres dans son dernier livre: « Le mal propre » (édition Le Pommier 10€) : « polluer c’est s’approprier ». La vision individuelle et collective de la société, de l’économie influe donc directement sur l’état des milieux naturels.
La volonté humaine de s’approprier provoquerait donc naturellement la détérioration de la qualité du bien naturel. Autrefois la génération « frontpop » n’avait pas peur d’afficher publiquement leur modestie sociale en baptisant leur petite maison de vacances « Sam’suffit ».
Aujourd’hui les nouveaux propriétaires de l’île n’osent pas affirmer leurs convictions inégalitaires au fronton de leurs superbes villas avec hauts murs et alarmes: « Toujours plus ».
Si ceux qui craignent que votre association vienne « fourrer son nez » dans leurs pauvres affaires se sentent morveux, qu’ils se mouchent. En matière de morale civique et de citoyenneté il y a en effet beaucoup à dire et à défendre sur l’île.
Dans ce sens, vos statuts me semblent parfaitement adaptés pour défendre à la fois l’environnement insulaire au sens civique et social et au sens naturaliste et écologique
Au plan national comme au plan local, il y a donc bien une relation de responsabilité directe entre l’action économique d’exploitation agricole, la protection politique de cette action et l’eutrophisation structurelle des eaux littorales.
Il est aujourd’hui très étonnant de voir certains citoyens ou élus totalement complices ou bénéficiaires de la politique agricole intensive et industrielle conduite depuis 50 ans se révolter naïvement contre l’inacceptable invasion par les algues de « leur propriété » littorale.
Il va être intéressant de voir comment les différents niveaux de responsabilités (professionnels, élus, Etat) vont assumer et se répartir politiquement, juridiquement et surtout financièrement leurs responsabilités.