La semaine dernière, nous avons publié une série de photos prises le 21 février le long des digues orientales entre le Bouclard et les Ileaux.
Nous devions vous donner la suite de ce reportage-photo au début de cette semaine, mais nos calendriers ont été bousculés par la survenu de la tempête Xynthia.
Les photos et le texte ci-dessous sont antérieurs aux inondations.
Ci-dessus, l’exutoire en mer du coëf de prise et d’évacuation de cette exploitation conchylicole. Situé à environ 20 mètres, pour aller au delà de la sédimentation naturelle de cette zone en forte accrétion. L’exploitant a même du creuser un canal d’évacuation de plusieurs dizaines de mètres dans la vasière pour pouvoir évacuer.
Cette zone de la digue de Bremaud est dans un secteur à forte sédimentation présentant l’existence d’un « schorre ». Le « Schorre » est la partie supérieure des étendues intertidales (comprises dans la zone de balancement des marées ) faites de sédiments fins accumulés par les pleines mers et couvertes d’un tapis végétal halophile (plantes spécifiquement adaptées aux milieux salés). On voit ici le rôle potentiel des algues dans la sédimentation.
Les travaux ont creusé dans la couche sédimentaire de » bri » pour poser les fondations de l’enrochement.
Le bri est une terre argileuse constituée par les alluvions fluviomarines issues de la remontée du niveau marin lors de la transgression flandrienne après la fusion des calottes glaciaires du Würm, achevée il y a 8000 ans. Cette transgression a conduit à l’inondation des golfes, puis à leur colmatage progressif par une vase composite très fine, le bri. La proportion d’argile dans le « bri » dépasse 50%, avec 10 à 35% de calcaire et de fines particules sableuses
A la fin des travaux, des blocs de ce « bri » ont été replacés en vrac au pied de l’enrochement. Après érosion par la mer, on voit très bien ici, basculée à 90 degrés, la stratigraphie des différentes couches de plages et vasières fossiles avec leurs coquillages, et des couches brunâtres.
Ces couches brunâtres correspondent-elles à des phases de dépôts d’algues ? Certains travaux de creusements à travers la couche de bri effectués en zone de marais (Marais Cholleau) ont révélé des couches sédimentaires semblables sur fond sableux.
Ci-dessus, la digue de Bremaud. Au premier plan on voit bien l’accrétion sédimentaire et les dépôts d’algues. A l’arrière-plan des bâtiments d’exploitation ostreïcole.
Ci-dessus, la partie Sud de la digue (en forme de pointe triangulaire) du Clouet des Ileaux. L’épaisseur et la hauteur de cette digue sont très impressionnantes, du fait du volume de terre apporté dans le partie interne.
Ci-dessus, extremité de la digue du Clouet des Ileaux
Ci-dessus, la partie Nord de la digue du Clouet des Ileaux. On aperçoit, à l’arrière-plan les bâtiment de France Turbot.
Jusqu’à la digue des Ileaux qu’on aperçoit au loin, ce secteur forme une baie sujette à la sédimentation. On en voit la preuve par l’existence d’un schorre.
Au droit de cette portion de digue, à une trentaine de mètres dans la vasière, une forme originale de schorre constituée autour d’un banc de galets calcaires.
Derrière la jetée des Ileaux, vue (ci-dessus) de la salorge récemment construite du marais salant des Ileaux. Ce très beau marais salant de 32 oeillets réhabilité dans les années 1990, et situé entre la digue et France Turbot, est l’unique vestige en activité du très important passé salicole de cette zone presque totalement aménagée à partir des années 1981 pour l’aquaculture et la conchyliculture.
Les travaux ne sont pas terminés. Comme on peut le voir ci-dessus, la partie intérieure de la digue est encore sous la forme d’un chemin de terre pour le roulage des camions.
Ci-dessus: dans la partie intérieure de la concavité du trait de côte de la digue des Ileaux, la sédimentation est très forte.
Une véritable plage s’est formée, se terminant par un schorre.
Un petit bateau de pêche y a trouvé son port d’échouage.
Ci-dessus, vue de la digue des Ileaux, de France Turbot jusqu’à l’ancienne jetée maçonnée des Ileaux fermant l’avant-port au Sud. L’épaisseur de bri est très faible à cet endroit. On peut s’interroger sur l’impact d’un tel poids d’ouvrage sur la stabilité du sol aux alentours. C’est dans cette zone que s’étaient produits des effondrements du fait des surpompages aquacoles dans les années 1990. En 2008 nous avions photographié un effondrement récent proche de la digue du Boucaud, récemment rehaussée.
Cliquez sur les miniatures pour voir les photos du trou, prises en 2008