Nous avons reçu les deux photos ci-dessus d’un lecteur qui se dit « horrifié » de la mise à mort par comblement ou étouffement de ce marais salant à l’Epine.
« Qui » nous demande-t-il « a pu autoriser une telle aberration? »
Sa question nous gêne. Mais nous devons la vérité à nos lecteurs et adhérents: nous avons manqué de vigilance. Ce comblement était inscrit dans le PLU de l’Épine; d’autres chapitres de ce PLU ont accaparé notre attention; nous n’avons pas protesté.
Lors de l’élaboration du PLU de l’Épine, compte tenu de nos moyens, nous nous sommes concentrés sur les questions qui nous semblaient les plus importantes :
– application de la loi littoral et notamment prise en compte de la notion de capacité d’accueil,
– contestation du statut de certaines zones et en particulier protection de la pièce d’eau qui précède la zone artisanale à l’entrée de Noirmoutier.
Nous avons témoigné dans ce sens lors de l’enquête publique.
Le PLU qui fut voté par le Conseil municipal ne prenant pas en compte nos observations nous déposions un recours gracieux qui fut l’objet d’une concertation avec la mairie.
Quelques concessions furent faites et des compromis acceptés sur certains points. Notre conseil d’administration décida de s’en contenter et, dans un esprit constructif, ne déposa pas de recours devant le tribunal administratif.
Pendant ce temps la mairie poussait un projet de “Maison du sel“. Pour cela :
– elle avait besoin d’argent, d’où l’extension de la zone commerciale,
– elle avait besoin d’un site, d’où l’abandon à la construction d’une partie de marais.
Nous n’avons pas détecté dans l’ensemble du projet de PLU la toute petite modification de règlement qui permettait le comblement de cette partie de marais . Personne ne nous l’a signalée.
Nous sommes atterrés du résultat : un marais détruit et l’horrible Super U !
(D’autant que ce projet de maison du sel, dans sa forme actuelle, ne nous plaît pas du tout !)
Leçons :
1. faute de moyens suffisants nous ne pouvons pas tout voir.
2. vous devez nous signaler lors de l’élaboration des documents d’urbanisme ce qui vous choque.
3. nous devons être plus intransigeants.
Merci pour vos explications convaincantes.
Mais quand même quel gâchis de la part de nos élus responsables de l’élaboration des PLU!
On ne peut que se désoler à la disparition, petit à petit, en douce, de notre patrimoine paysager, entre autres inepties.
Bonjour,
Votre manque d’impartialité politique, au moins à l’époque, n’aurait-il pas contribué à cette situation préjudiciable pour notre environnement ?
Le parti pris politique, quel que soit sa légétimité à l’origine, me parait incompatible avec la recherche de l’intérêt général qui s’attache à la protection de la nature dans une APNE du réseau FNE.
La maturité de l’association est-elle suffisante pour qu’elle inscrive le principe de stricte neutralité politique dans ses statuts ?
Désolé d’avoir mis les pieds dans le plat mais la question me semble pertinente
Les membres de l’association se répartissent sans doute sur tout l’échiquier politique.
Le conseil d’administration, élu par les adhérents, conduit les affaires de l’association. Chaque administrateur a sa personnalité propre, ses idées, ses sympathies.
Certaines décisions doivent être longuement discutées car elles ne sont pas toujours évidentes.
Chaque fois, dans le doute, nous essayons de revenir au projet associatif qui est défini dans nos statuts : c’est notre POLITIQUE.
Nous ne sommes donc pas politiquement neutres dans ce domaine.
Les administrateurs ont acquis une certaine expérience, ils ont appris que, dans le cadre de l’association, il ne fallait pas prendre parti dans les « crêpages de chignon » infantiles qui émaillent la vie politique de l’île. Est-ce la maturité dont vous parlez ?
Dans le cas que vous évoquez, la modification du règlement d’urbanisme qui a permis la destruction de ce marais n’a pas fait l’objet d’une discussion : elle est passée inaperçue de notre association et, semble-t-il, des citoyens qui ont participé à l’enquête publique.
Pour une poignée de dollars
Suite à une enquête discrète et à des révélations avisées de sources variées, une appréciation plus juste du rôle de 12 sur 12 dans la triste affaire relative au marais de l’Epine s’est esquissée peu à peu et mérite une mise au point.
Le maire de l’Epine, homme de droit s’il en est, soucieux de développer un marais salant à la fois comme attraction éducative et en vue de la conservation du patrimoine local, jeta son dévolu sur ce marais, unique survivant du côté ouest de la route du morin, doté d’une salorge pittoresque.
Cette démarche respectable requérait cependant l’accord du propriétaire. Or, ce dernier, flairant la bonne affaire, […] insista auprès des élus pour exiger des accords de vente […]:
– Le prix de vente du marais très exagéré par rapport au prix habituel d’un marais non constructible.
– L’exigence éhontée, sous peine de refus, de conserver et remblayer une partie de ce marais afin de rendre cette nouvelle zone constructible. Ce qui augmente encore plus (terrain devenu constructible) le patrimoine foncier [du] proprio.
Marché conclu. PLU modifié en douce. La partie de marais remblayée sera construite.Alors, bien que devenu unijambiste puisqu’un marais fonctionne comme un ensemble dans lequel chaque part à son rôle à jouer, le reste de la victime, bien que tronqué sera vraisemblablement réhabilité.
Et pour une poignée de dollars, une nième partie du patrimoine de l’Ile aura disparu irrémédiablement.
Il est dommage qu’une association aussi efficace que 12sur12 n’ait pas pris à temps la mesure de la tromperie en cours. Ce litige aurait pu être ajouté aux problèmes soulevés lors du recours gracieux accepté par la commune de l’Epine.
Sortez vos mouchoirs, le prochain marais condamné sera celui du Super U et d’autres sont dans le collimateur des aménageurs du côté du Boucaud par exemple.
La preuve, une fois de plus, que la responsabilité n’est pas encore vraiment l’apanage des élus.
Comblement d’un marais à l’Epine
Quand un lecteur « horrifié » vous a signalé la « mise à mort par étouffement » d’un marais à l’Epine, je me serais attendu à être interrogé et prié de m’expliquer sur les raisons de ce geste infâme. C’est, en général, ainsi que l’on procède lorsqu’un crime est découvert : on interroge le criminel. Par égard pour la vérité et souci d’informer, cette procédure – vos questions, mes réponses – aurait été publiée sur le blog de l’Association.
Rien de tel ! Je n’ai pas été officiellement approché !
Les mots de « aberration », « gâchis », « irresponsabilité », utilisés à mon encontre, et donc préjudiciables, circulent sur votre site. Vous justifiez longuement votre manque de vigilance, vous battez votre coulpe, mais vous avez raté la seule réaction impartiale à la stupeur de votre lecteur : « Merci de votre information. Nous écrivons au maire de l’Epine pour lui demander des explications ».
Alors, ces explications, que j’aurais aimé vous fournir si vous les aviez sollicitées, les voici.
1 – Ce marais est mort depuis longtemps. Il l’était bien avant mon élection de 2001. Sauf coûteuse réouverture des voies d’eau permettant de le rendre à nouveau opérationnel, il s’apparente à une mare.
2 – Un habitant de la commune était propriétaire de cet ancien marais et d’une partie de la rive, sur laquelle est édifiée une «salorge pittoresque».
3 – Cet emplacement – l’ensemble de l’ex-marais, ses rives et la salorge – est parfait pour créer la «Maison du Sel», projet de tourisme intelligent qui nous tient à cœur pour des raisons écologiques, économiques, d’emploi et bien sûr d’attrait touristique.
4 – C’est en vue de ce projet que nous avons négocié avec le propriétaire. L’accord auquel nous sommes parvenus nécessitait de combler le fond du marais et rendre constructible cette partie remblayée et ses abords.
5 – La partie remblayée mesure 1.056 m², ce qui représente 10,5% de la surface totale du marais (10.046 m²). Il est donc largement abusif de titrer «Comblement d’un marais à l’Epine». La simple vérité aurait du vous faire écrire : «Comblement de 1/10ème d’un ancien marais à l’Epine», ce qui, reconnaissons-le, a moins d’impact.
6 – J’ai récemment convié un saunier à se rendre compte sur place. Nous avons longuement discuté de «l’affaire». A l’issue de cette rencontre, et muni de toutes mes explications, il ne m’a pas semblé que mon interlocuteur, crédible et reconnu dans sa profession, trouvait juste que l’on me traite de «tueur de marais».
Maintenant, j’aimerais ajouter ceci. En matière de défense de l’environnement et de sauve-garde du patrimoine, je passe pour être un maire rigoureux et sourcilleux. Certains, ceux que cette conviction empêche de faire des affaires pour compte propre, me qualifient même d’«intégriste» ! Tout ceci me convient et je l’assume! Je suis consterné qu’une affaire, artificiellement polémique, qui ne doit rien ni à la sauvegarde d’un patrimoine nullement menacé en l’espèce, ni à la défense de l’environnement, soit montée en épingle sur le blog d’une association respectable, et masque les véritables sauvetages de l’environnement auxquels mon équipe et moi-même avons procédé pendant les sept années de notre mandat à la mairie de l’Epine.
Jean-Marie Palvadeau, Maire de l’Epine