L’édition Vendée de Ouest France du 5/11/2022 a publié une page sur la culture de la pomme de terre sur l’île de Noirmoutier en mettant en avant la fréquence record de traitements phytosanitaires et les quantités astronomiques de pesticides utilisés (62 substances chimiques différentes pour plus de 29 tonnes sur l’année 2020 ; derniers chiffres connus). Voici cet article :
Nos commentaires et analyses, partagés avec Monsieur Yves Le Quellec, Président FNE Vendée
S’informer auprès des dirigeants de la Coopérative Agricole de Noirmoutier ou de ses cultivateurs est compliqué, ils semblent être sur la défensive, nos courriers et questions restent sans réponse. Ouest France consacre une page sur le sujet, c’est un véritable signal d’alerte. Si dirigeants et coopérateurs ne bougent pas, ils vont être confrontés à un problème majeur d’image, y compris localement ! Leur « zéro résidu pesticides » mis en avant pour les consommateurs risque fort de ne pas suffire, surtout que ce label n’est accordé que pour une partie des cultures !
Les chiffres publiés indiquent une utilisation massive de pesticides dans l’île, la monoculture quasiment obligée, sur des surfaces agricoles allant en diminuant, en est vraisemblablement une des causes directes. Le nombre important de nématodes (certains vers parasites s’attaquant aux racines des plantes, plus spécifiquement aux plants de tomates ou de pommes de terre) présents dans le sol est le plus gros problème des cultivateurs. Les solutions :
- usage de produits nématicides comme le Dazomet (tonnage impressionnant dans l’île), ce produit n’est pas classé CMR (cancérigène, mutagène, toxique pour la reproduction) mais lui et ses métabolites ont forcément un impact environnemental (milieux aquatiques, ruissellements et nappes phréatiques) et comme ils ne sont pas spécifiques, ils éliminent tous les nématodes, les nuisibles comme les utiles (ceux qui contribuent au bon fonctionnement des cycles du sol).
- rotations longues des cultures, appuyées par des pratiques agroécologiques. Les recommandations pour lutter contre les nématodes préconisent de pratiquer des rotations de 4 ou 5 ans minimum ; sans doute difficile à mettre en œuvre dans la mesure où les surfaces disponibles à la culture sont en régression. La « surface agricole utile » de l’île est passée de 799 ha en 2010 à 720 ha en 2020 (source : recensement agricole), soit une régression de près de 11%.
- recherche d’outils techniques tels que les injections de vapeur sous pression mises en place par la Coopérative Agricole de l’île depuis quelques années. Cette technique, non-sélective, tue les organismes nuisibles ET les organismes utiles du sol. Le fait de faire le vide dans la biodiversité peut favoriser la recolonisation par de nouveaux bio-agresseurs… Le recours aux pesticides est diminué mais le coût énergétique est élevé. Qui plus est, cette technique génère des émissions de CO2. Cela ne paraît pas vraiment durable…
La Coopérative en a-t-elle tiré un bilan ? Comment cela s’inscrit-il, ou pas, dans une stratégie plus globale ? Il serait sans doute intéressant de pouvoir en discuter mais nous en revenons à notre constat de départ sur la communication avec elle !
En annexe, voici une carte (également publiée sur cette même page Ouest France) montrant la fréquence d’utilisation des pesticides dans le département de Vendée. Si notre département apparait bon élève par rapport aux autres territoires nationaux, deux points noirs apparaissent nettement (en rouge foncé sur la carte) Noirmoutier en l’Ile et une petite commune du sud-est de la Vendée. Les charmes des paysages de notre île cachent de bien sombres réalités.