Comme nous le savons, environ 66% des terres de l’île sont inondables dans un cas extrême (3m IGN). En dehors de la zone centrale largement formée de marais salants, des dépressions, anciens bassins d’orage, étangs, marais, prairies humides, mares ou fossés existent tout autour de l’île, tous en voie de régression, tous inondables.
Les Roussières vers 1950 (cliquez sur la vignette pour agrandir)
Les anciens s’accommodaient de ces aléas climatiques par le creusement de fossés (les courseaux), souvent pourvus de murs appareillés afin de faciliter la progression des eaux vers les coëfs et écluses, et par le maintien de zones humides en guise de bassins de rétention capables d’absorber un surplus soudain et brutal d’eaux pluviales, à la suite d’orages par exemple.
Les Prés Patouillards vers 1900 (cliquez pour agrandir)
Parfaitement localisées, ces prairies humides ou marécages étaient dénués d’habitations ou de constructions de valeur. Il s’agit en particulier au Nord de l’île, des Roussières, des Prés Patouillards, des étangs de la Blanche et de la Linière, du courseau des Bœufs, du fossé de la Madeleine, du canal au Vieil.
L’île ne possède aucun ruisseau se jetant à la mer, sa partie centrale étant creusée en cuvette. Dans les endroits où les eaux douces retenues par le littoral forment des marécages, il a fallu établir des canaux pour leur permettre de rejoindre la plage; ce sont eux qui portent le nom de «courseaux».
Ils sont maçonnés pour résister à l’ensablement, se continuent sous les dunes et sont munis de portes pour régler la sortie de l’eau.Dr Viaud-Grand-Marais, Guide du voyageur à Noirmoutier – Lusseau Frères – 1952
Hélas, de nos jours, maltraitées par les développeurs de tout poil, ces zones basses (inférieures à 2,5 m IGN) dont la capacité de rétention s’amenuise irrémédiablement, n’assument plus leur rôle de vases d’expansion. Les remblaiements consécutifs à l’abandon de l’utilisation habituelle de ces dépressions, une urbanisation déraisonnable dans des zones traditionnellement dénuées de toute construction, provoquent des inondations dont la fréquence et la gravité augmentent d’année en année.
Le courseau des Boeufs à la Linière (cliquez pour agrandir)
L’acharnement des intérêts fonciers à vendre des terrains inondables, l’obstination des municipalités à délivrer des permis de construire sur ces mêmes terrains perdurent, sans souci d’informer franchement voire honnêtement les nouveaux propriétaires sur les risques potentiels et la modulation possible voire probable des polices d’assurances.
Le risque d’inondation n’est pas un phénomène nouveau à Noirmoutier (dans le centre ville en particulier), cependant, le développement urbain accéléré provoque une double problématique :
- un nombre grandissant de constructions diverses situées en zone inondable;
- la destruction de milieux humides – fossés, mares, marais – qui par remblaiement (diminution de volume) contribuent à une montée supérieure et plus rapide des eaux en cas d’inondation.
Le rôle des plaines inondables et de débordement est de servir de réservoir et de vase d’expansion, où les eaux peuvent séjourner temporairement, lors des inondations provoquées par de fortes pluies. Si l’on remblaie ces zones, bloquant alors l’expansion indispensable de l’élément liquide, l’envahissement de ces milieux humides chasse les eaux vers des secteurs adjacents devenus vulnérables, y provoquant des inondations rapides inconnues jusqu’alors.